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J’AI RELOOKÉ UNE FEMME QUI AVAIT DES CONTRAINTES EXTRÊMES

7 juillet 2017

 

On me demande souvent quelles sont les demandes les plus compliquées à résoudre dans mon activité de coach. L’on pense souvent que les morphologies difficiles sont les plus dures à habiller, que quelqu’un qui n’a jamais su trouver sa voie à 50 ans ne la trouvera jamais, car c’est trop tard. En fait, rien de tout cela. Je vais vous raconter le coaching look d’une cliente à qui le mari a offert un rendez-vous d’une journée et dont l’objectif était de refaire sa garde-robe et trouver son identité vestimentaire suite à un changement de conviction religieuse.

Je découvris les « exigences » avec surprise en me disant que cela allait être un challenge intéressant. Voici une liste non exhaustive :

- pas de pantalon.
- jupe ou robe uniquement, mais sous le genou ou chevilles.
- bras cachés.
- perruque obligatoire, on ne doit pas voir les vrais cheveux.

Auquel elle m’a ajouté des contraintes de très petit budget, d’une taille 44 en bas et 46 en haut, mais surtout qu’elle ne s’aimait pas et ne se regardait jamais dans le miroir. Cela fut la difficulté la plus compliquée à surmonter.

Quand je l’ai vu arriver, bottines plates à lacets, sales et qu’un homme pourrait avoir, jupe droite en jean sous le genou, collant semi-opaque, gilet long et serre-tête très « versaillais » sur une coupe de cheveux carré droit. Mon avis fut que cela manquait de modernité. Reste à savoir si Aurélie avait conscience de cela.

Dans la première phase, nous avons échangé sur le style désiré, puis je lui ai expliqué ce qui lui allait, avec évidemment un scepticisme quand mes conseils allaient à l’opposé de ses habitudes, ce qui annonçait une phase en magasin des plus intenses.

Heureusement, nous sommes en septembre, et la collection automne/hiver est plus propice que la collection printemps/été pour trouver des manches longues, jupes et robes sous le genou.

La première étape pour moi est toujours de trouver ce que j’appelle la tenue déclic, celle que la personne va adorer, et pourtant qu’elle n’aurait pas choisi elle-même. Cette tenue, qui normalement, si je fais bien mon travail, doit arriver dans les 3 premières tenues n’arriva pas si tôt. Il y avait toujours un problème sur la tenue. Elle voulait la couleur de cette robe, mais dans la matière de la jupe, au prix du haut pour faire un résumer. Il est difficile pour moi de lui dire qu’elle me demande du sur-mesure et donc un autre budget.

La seconde difficulté fut de ne pas faire mémère. La mode actuelle pleine de fleurs et d’oiseaux comme sur les tapisseries des chambres de nos grands-parents, plus une longueur de jupes/robes sous le genou, et évidemment sans talon, cela peut vite faire « vieillot ». J’essayais donc toujours de casser cet aspect avec la modernité par exemple d’un blouson de cuir.

Aurélie s’exprimait difficilement sur ce qui est bien, beaucoup plus facilement sur ce qui lui plaisait moins. Elle disait, je n’aime pas, je n’aime pas, ou bof sur des tenues qui pourtant exprimaient davantage de modernité (son objectif), respectaient ses exigences, et s’adaptaient mieux à sa morphologie.

Néanmoins, comme je valide chaque tenue avec elle, corrige la tenue suivante en fonction de ses commentaires, j’estime, après une trentaine de tenues que nous avons fait des avancées importantes. J’insiste évidemment beaucoup sur les accessoires, comme les sacs, chaussures, bijoux qui permettent de changer un look facilement.

À la fin du shopping, je lui pose les questions dont la réponse m’a surpris. « Comment as-tu trouvé notre shopping ? Que retiens-tu ? » et là elle me répond : bof, je trouve que cela ne change pas beaucoup.

J’ai failli m’étouffer. Cela signifiait pour moi qu’elle ne se rendait pas compte du rendu sur elle. Évidemment, elle ne se regardait jamais avant dans le miroir me suis-je dit. Je lui disais de prendre du recul, de montrer toutes les photos d’essayages à son mari, ses amis pour avoir d’autres avis et lui dit que, si les avis sont les mêmes, nous referons une autre séance en magasin gratuit, car la satisfaction client est obligatoire pour moi.

Je la revoyais 2 jours après pour la partie coiffure et maquillage. Je suis accompagné de ma collègue Brigitte à qui je dis de se préparer à entendre des reproches et à la quasi-certitude de devoir proposer un nouveau shopping

Je l’accueille, en me disant que son blouson de cuir vert bouteille était sympa et lui propose une boisson dans notre salon de coiffure et lui demande : Alors, Aurélie, à froid avec 2 jours de recul, comment te sens-tu par rapport au travail que nous avons effectué ?

Elle me répond que ce n’est pas à froid 2 jours après ! Et me dis que son mari et ses amis trouvaient que nos essayages changeaient beaucoup et en bien. Quel soulagement et satisfaction pour moi de savoir qu’évidemment j’avais raison dans mes choix. Je souligne ici un point important. Quand on ne connaît pas un domaine, il faut adopter des critères objectifs et non se fier à son goût. C’est LA première difficulté à surmonter si l’on veut faire évoluer son image.

Le climat plus détendu, elle nous explique être venue avec une autre perruque, car nous ne pouvions la voir cheveux naturels. Mon coiffeur lui a proposé, une fois mis d’accord sur la coupe réaliser de lui garder la perruque neuve (900 € tout de même, il ne fallait pas qu’il se loupe) et qu’elle repasse sous 1 semaine pour la récupérer.

Je retiens 4 leçons de cette expérience. Aurélie fait partie des clientes qui m’ont fait le plus de recommandations, de commentaires sur les forums tout simplement car on lui a changé sa vie car elle prend désormais du plaisir à s’habiller et m’envoie régulièrement des photos de ses essayages.

Je vous informe également que la difficulté principale dans les coachings look n’est pas de vous trouver des tenues qui vous vont, mais tout simplement d’arriver à dépasser l’aspect morphologique. Mon rôle est de vous rendre bien habillé, quelque soit votre morphologie.

La troisième leçon est que cela m’a conforté dans le fait de l’utilité de nos coachings, qu’ils soient sur le look, l’épanouissement personnel ou professionnel.

La dernière leçon est : qu’est ce que c’est bon de voir des gens heureux autour de soi !